Sachez d'abord que le sujet le plus consanguin marié à un sujet non apparenté donnera des produits absolument non consanguin. Pouvoir en un mariage ramener notre fameux coefficient F à 0, ça c'est une bonne nouvelle. Et si les 2 sujets sont très consanguins mais non apparentés, leurs produits auront aussi un coefficient F égal à 0.
La mauvaise nouvelle, c'est que dans le bourbonnais, ce sujet n'existe pas. Comme je vous l'ai dit, les chiens d'une race sont tous plus ou moins apparentés entre eux. Mais dans les races à faible effectif comme la notre, cette parenté n'est pas très éloignée. Au mieux elle remonte aux années 70, quand Michel Comte s'affairait à faire ressortir le sang bourbonnais en travaillant en consanguinité poussée. Si vous voulez vous en convaincre, envoyez-moi les pedigrees de vos chiens, je remonterai leur généalogie jusqu'à Rasteau/Pyrrhus.
Si vous êtes prévoyant, vous aurez pris soin de repérer depuis quelques années un éleveur ami qui fait de beaux chiens peu apparentés aux vôtres.
Et si vous vous apercevez que tous les élevages, ayant pris des saillies au même male, sans discernement, sont étroitement apparentés? Où donc allez-vous chercher cette retrempe? Nous avons connu cette situation au début des années 90, quand on trouvait « Uno du Rocher des Jastres » et « Extra du Pontelle de Maicou » dans tous les pedigrees.
Nous allons voir de quelles manières on a tenté de résoudre le problème...
Les chiots que vous avez gardes ont peut-être l'air bourbonnais, mais ils ne sont qu'à une génération d'un braque français. Il se pourrait donc bien qu'à la prochaine génération, vos chiots ressemblent bien à des braques français.
La proximité des deux races pose un problème. On risque bien avec cette méthode de ne plus reconnaître un jour un braque français d'un braque du bourbonnais. C'est la mort assurée de la race la moins nombreuse, c'est-à-dire la notre. Pour illustrer ceci, voici ce qui était arrivé à l'exposition canine de Paris en 1952: un braque du Bourbonnais avait obtenu le CAC(Certificat d'Aptitude au Championnat) des braque français par le juge Baumas; monsieur Bisson, secrétaire général du CBB de l'époque, demanda à la SCC de sévir, et, n'obtenant pas satisfaction, démissionna. Cet épisode marqua le début du déclin du CBB.
Ceci est totalement illégal, et un client floué pourrait bien vous attaquer au tribunal. Et avec les progrès de la science génétique, il peut aujourd'hui vous confondre aisément.
D'abord, il y a la méthode rapide, malhonnête et dangereuse: rapide pour l'éleveur, malhonnête pour le client et dangereuse pour la race. Prenez un bon chien dans une race voisine, mettons le braque français, faites le saillir une femelle braque du bourbonnais, mettez un vrai bourbonnais sur les papiers de saillie, et le tour est joué. La proximité des deux races vous donnera même des chiots qui auront l'air assez bourbonnais, et le beau pedigree vous permettra de vendre les chiots restants au plein prix à des gens de bonne foi.
Cela semble très séduisant, et la méthode est pratiquée par certains, pourtant, elle a quelques inconvénients:
En fait, cette méthode fut employée dans le bourbonnais en 1993. Les deux éleveurs les plus prolifiques de l'époque, membres du comité du CBB,
pratiquèrent une retrempe sauvage avec un braque français. Quand il fut clair qu'ils comptaient bien vendre les chiots avec de faux pedigrees,
le comité les sanctionna en les excluant de son sein sans toutefois les exclure du club.
Ce peu de sévérité s'expliquait par le fait que le principe de retrempe était accepté, à tel point que Michel Comte en faisait déjà une.
Il fallait juste la faire honnêtement.
Il est à noter que les deux éleveurs, bien que peu sanctionnés, en conçurent tout de même une haine tenace contre le comité du CBB.
Cela parce que ce genre de pratique est admis parmi beaucoup de professionnels de l'élevage qui n'ont pas volé leur mauvaise réputation.
D'abord, choisir une race qui n'est pas trop proche de la notre, mais pas trop éloignée quand même (on ne va pas prendre un caniche!). On aura de vrais bâtards, identifiés comme tels, et on ne pourra réintroduire les produits de retrempe qu'après une difficile sélection, quand ils ressembleront bien à des bourbonnais. Si cette race peut apporter un vrai plus, parce qu'elle a des qualités qu'on veut voir chez nos chiens (peu de dysplasie, un nez exceptionnel), c'est encore mieux. Ce raisonnement nous amena à choisir un pointer, comme l'avaient fait avant nous les anciens éleveurs du bourbonnais. La tête du pointer, si caractéristique et différente de celle du bourbonnais, est un critère de sélection efficace dès la naissance.
Annoncer à tous, par l'intermédiaire du club que l'on fait de la retrempe. En faisant de la retrempe officielle, on peut se payer le luxe de prendre un chien d'un élevage bien connu, sans avoir peur de se faire dénoncer, et donc apporter de la qualité dans la race.
Ensuite, faire un premier croisement. De cette portée, garder un sujet bien typé, et le croiser encore avec un bourbonnais. Si cela ne donne pas de bons chiens, refaire la portée. Quand enfin on a un ou deux bons sujets, les inscrire à titre initial.
Elle coûte cher: nombre de bâtards issus de cette retrempe font le bonheurs de chasseurs à qui ils ont été donnés, mais ils nous ont coûté cher à produire.
Les chiots d'une chienne inscrite à titre initial ont un demi pedigree, ils se vendent moins bien.
Elle permet à d'autres éleveurs d'utiliser les produitsen connaissance de cause.
Elle est honnête!
Voici la deuxième méthode:
C'est le travail que nous avons fait patiemment avec mon père durant les années 90.
La chienne pointer utilisée venait de chez monsieur Condado et s'appelait « Donna de la Mazorra ». Voici son pedigree:cliquez ici.
Elle fut mariée à divers bourbonnais, mais une seule chienne qu'elle produit avec « I'Gribouille du Rocher des Jastres » fut gardée.
Mon père, ayant le pardon large et facile, proposa à un des éleveurs fraudeurs de 1993 d'utiliser un de ses males pour la génération suivante. Ainsi, « Extra du Pontelle de Maicou » fut le père de deux chiennes à Titre Initial qui naquirent chez nous: Olokine et Oubi. La première resta chez nous, et la deuxième alla chez monsieur Mallet.
Voici la descendance de cette retrempe:Descendance de Lola
Ces chiennes ont depuis apporté ce sang neuf et de qualité qui a régénéré la race, produisant de bons bourbonnais équilibrés.
Bien sur, la méthode a des inconvénients:
Mais elle a de gros avantages:
Donc, si vous voulez retremper, ne vous trompez pas de méthode.