Partant de cette constatation, Michel Comte, avec son frère Gabriel et quelques amis lyonnais dont le docteur Louis Monavon,
vétérinaire à St Priest, décida de rassembler toutes informations à ce sujet, épluchant les annonces de sa collection du « Chasseur Français »
et autres revues pour y trouver les coordonnées d'anciens éleveurs. Les derniers élevages de l'Allier s'étaient tournés vers d'autres races de braques plus demandées,
comme le braque allemand.
Ils découvrirent que le dernier élevage possédant des Bourbonnais au Registre Initial (1ère génération) était l'élevage « de la Turne » à Lyon dont une femelle encore vivante mais stérile,
Junon, née en 1960, appartenait à Mme Martin, du Donjon.
Le Dr Louis Monavon qui voyait passer beaucoup de chiens dans son cabinet, leur indiqua plusieurs chiens Bourbonnais de Lyon.
Les nombreux chiens trouvés étaient en fait des bâtards, que l'on nommait « braques de pays », et dont l'ascendance bourbonnaise transparaissait au travers de quelques caractéristiques
(queue courte, taille, couleur de la robe, forme de la tête).
Avec ce cheptel assez hétéroclite, il restait à produire et sélectionner pour dégager la souche ancienne. Nombreux sont les bénévoles en Drôme,
Ardèche et Vaucluse qui ont chassé avec des produits de ces portées que Michel Comte leur confia. Lui gérait la sélection,
attendant le moment où il verrait naître des chiens méritant le qualificatif de braque du Bourbonnais.
En 1973 ce moment arriva, et il inscrivit ses premiers Bourbonnais au L.O.F. à Titre Initial. Il y avait 10 ans que cela n'était pas arrivé. Voici les papiers de ces premiers Bourbonnais:
Si Igor, Joan, Junior et Java sont nés dans la famille Comte, il convient de détailler les origines des autres chiens qui fondèrent la race:
Quetty était une femelle indiquée par le docteur Monavon à Michel Comte qui la récupéra. Elle était assez bourbonnaise pour être inscrite au L.O.F., mais elle était vieille et produit très peu.
Quant à Rasteau/Pyrrhus, son histoire vaut d'être contée en détail, tant son importance fut grande dans la race:
Le Dr Bazin Président de la Société Canine du Sud-est découvrit un jour un magnifique Bourbonnais « fleur de pêcher » (fauve) qui attendait son maître dans une voiture à Lyon.
Patient, le Dr Bazin attendit aussi, et il s'avéra que le maître était une maîtresse, Mme Barrier-Chauvin, qui travaillait à l'ORTF.
Le chien, Pyrrhus, était sans papiers puisque issu des chiens de M. Pierre Perret, Joséphine et Napoléon (le chien de la chanson),
tous deux sans papiers.
Enregistré au LOF a titre initial sous le nom de Rasteau, il fut le premier de la longue ligne des Bourbonnais ressuscités.
Il y eut également les Braques de Mirepoix de M. et Mme Poma (lettre de Jean Poma, 1982), en mal de reconnaissance qui leur arrivèrent déguisés en Bourbonnais et inscrits au Registre Initial (1ère génération).
M. Désiré Henri, éleveur et ancien membre du club des années 30 (lettre de Désiré Henri, 1979) et Jean Castaing mirent les éleveurs en garde contre la consanguinité excessive
qui régnait dans cette famille de braques, ce avec juste raison. Ils nous ont donnés des chiens fous mais également le premier champion de printemps (Rocky de la Vallée de Canbière). Peu utilisés hors de cet élevage, ces chiens aux origines totalement différentes de la souche initiale permirent cependant d'ultiles retrempes, dont la première eut lieu en 1978 (voir ci-dessous).
Un jour, passant sur le pont qui enjambe l'Ardèche à Vogüé avec sa famille, Michel Comte aperçut sur la berge une chienne à la robe marron mouchetée qui lui sembla bien bourbonnaise.
Renseignements pris, la chienne s'appelait Gina, et elle appartenait à M. Tahon (lettres d'André Tahon, 1978), qui la présenta au docteur Bazin et l'enregistra plus tard à Titre Initial au L.O.F. sous le nom de Lina.
En 1979, elle fera sous l'instigation de mon père deux portée qui compteront pour la race, avec Maxi(TI) de chez monsieur Poma, puis avec Luron du Rocher des Jastres. Une dernière portée avec Maxi(TI) en 1980 ne donnera qu'une chienne qui n'aura pas de descendance.
Plus tard, d'autres sujets furent inscrits à titre initial:
Max chien trouvé près de Paris par Marcel Contier et inscrit à Titre Initial.
Diane, braque sans papier laissée à Royan par un couple de parisiens et trouvée par Jean-Paul Buot qui l'inscrit à Titre Initial sous le nom de Piruit en 1980, vendue à Bernard Mercier après une portée, elle fit encore 2 portée chez ce dernier et 1 chez .
Stella, braque sans papier de madame Lacarin, fille d'une mère de couleur noire issue de braques d'Auverge, inscrite à Titre Initial en 1983, elle fit une portée en 1984.
Mao, chien trouvé par Michel Comte dans les années 70 chez le vendeur de machines agricoles de Doyet et inscrit à Titre Initial en 1982, il fit deux portées chez madame Masson.
Il fallait encore combiner ces nouveaux apports à la souche initiale de manière avisée, car le nombre de sujets encore réduit ne mettait pas la race à l'abri d'une nouvelle disparition.
Pour cela, Michel Comte fut aidé par des éleveurs qui commencèrent à s'intéresser à la race: monsieur Barbier (affixe « des Bugadières »), une vieille connaissance qui élevait des épagneuls bretons,
mais se lança dans le Bourbonnais avec Mousse du Rocher des Jastres. Monsieur Mercier qui acheta Luron du Rocher des Jastres, et obtint les premiers prix en Field trial avec ce chien.
Il commença à élever des Bourbonnais, et amena bientôt à la race sa cousine Françoise Sarret, qui plus tard produisit sous l'affixe « de la Croix Saint Loup ».
Monsieur Jean Régis (affixe « de Julius Forum ») commença son élevage après avoir acheté « Pink du Rocher des Jastres ».
Il apparut donc qu'un club regroupant les amateurs de plus en plus nombreux s'imposait.